La Cacarecanadienne

En 1969, les habitants de Sao Paulo au Brésil ont élu au conseil municipal un (véritable) rhinocéros du zoo municipal nommé Cacareco. L’élection fut subséquemment annulée pour vice de forme, mais cette histoire demeurait jusqu’à présent le summum du vote de protestation.

Elle a d’ailleurs incité l’humoriste Jacques Ferron à fonder plus tard le parti Rhinocéros au Canada, basé sur la satire et l’absurdité, (dont vous pouvez lire la “plateforme” ici). Les Rhinos ont obtenu de nombreuses voix, mais jamais assez pour gagner un siège. Finalement le parti a offert de fusionner avec le parti Con servateur «pour éviter de diviser le vote des idiots». L'histoire ne dit pas si ces derniers ont accepté, mais le fait est que le parti Rhinocéros n'existe plus.

Or voici que les électeurs d’une circonscription québécoise près de Trois-Rivières ont élu une mère célibataire tenancière de bar (ce qui ne fait pas d’elle une mauvaise personne, mais limite un peu son envergure politique). Plus importement: elle est pratiquement unilingue anglophone et avant, pendant ou depuis la campagne électorale, elle n’a jamais été vue dans le territoire (à 98% unilingue francophone) qu’elle représentera; elle a même passé une partie de la campagne électorale en vacances à Las Vegas pendant que les autres candidats se démenaient, en pure perte, tout compte fait.

NON MAIS elle a cependant une grande qualité: représenter le Nouveau Parti Démocratique, qui n’avait à l’origine pas le moindre espoir de remporter cette circonscription, ayant eux-même sous-estimé le ras-le-bol des Québécois face au parti Con servateur.

La morale de cette histoire: ne devrions-nous pas nous inspirer de l’empereur romain Caligula qui avait (selon la légende) nommé son cheval au Sénat? En effet, déléguer des animaux au Parlement signifierait une économie de 92 millions par année, rien que sur les salaires et dépenses de tout ce beau monde, vraisemblablement sans perte d’efficacité.